Esprit start-up avant l’heure…
Restant fidèle à la vision initiale du fondateur Amancio Ortega, le groupe Zara et des griffes sœurs. On la croyait devenue trop grosse pour échapper au ralentissement économique mondial. Et bien non !
L’invincible armada du fleuron espagnol de l’habillement Inditex a publié le mois dernier des résultats annuels (clos fin janvier) assez solides pour que la place madrilène ne soit pas chiffonnée par le nouveau cap pris par la chaîne mondiale de magasins de mode. Le PDG, Pablo Isla, taille dans l’inflation prévisionnelle des surfaces de vente (+ 6 à 8 % par an, au lieu de + 8 à + 10 %) sans en rabattre sur ses ambitions de ventes : la croissance organique et les achats en ligne combleront la différence.
Compte tenu de la macroéconomie mondiale, son choix n’est pas si surprenant. Il n’a même pas eu besoin de lever le voile sur les ventes en ligne – autour de 4 % du total l’an dernier, selon les analystes -, un secret bien gardé à Arteixo, près de La Corogne, où bat le coeur de l’empire mondialisé.
Ce passage progressif, mais résolu, à une « fully integrated approach », une plate-forme intégrée pour magasins physiques et numériques, les investisseurs mondiaux ne la voient pas d’un mauvais oeil. « Inditex s’inscrit parfaitement dans le thème des « économies post-crises » qui nous intéresse tout particulièrement. Il concerne des entreprises très bien placées pour servir les économies et les marchés en croissance car elles savent enrichir leur offre avec tous les nouveaux services qui tournent autour de la digitalisation ou de la désintermédiation », explique Isabelle Delattre chez Raymond James Asset Management International.
Le défi n’en reste pas moins grand : les clients demandent des livraisons de plus en plus immédiates. Passant toutes par ses centres de distribution espagnols, les commandes mettent 24 heures ou 48 heures à arriver dans les 7.000 magasins dans le monde, selon la distance. C’est impressionnant, mais ce n’est plus aussi exceptionnel qu’avant. Et pourtant, le modèle d’affaires d’Inditex, un cas d’école inusable pour les écoles de commerce, reste bien son meilleur atout pour sa transformation et il est difficile à copier.
Esprit start-up avant l’heure
Car la grande force du propriétaire de Zara et des griffes soeurs, c’est d’être resté fidèle à la vision initiale de son fondateur, Amancio Ortega, resté l’actionnaire majoritaire depuis la cotation en 2001. Le génie de la confection et du management, qui va fêter ses quatre-vingts ans la semaine prochaine, a passé la main à son dauphin il y a cinq ans, mais son empreinte demeure omniprésente, un mélange de rapidité et de pragmatisme, pour remplir la mission première d’Inditex : donner aux clients les vêtements dont ils ont envie, de la mode de qualité abordable, en s’inspirant sans vergogne des créations de la haute-couture et du prêt-à-porter mais aussi des tendances de la rue. Sans oublier les nouvelles « avenues » de la toile et des réseaux sociaux.
Tout a commencé par un atelier de confection, ouvert en 1963 à La Corogne. Avec sa première femme aujourd’hui décédée, Rosalia, son frère Antonio et sa belle-soeur Franca, le jeune homme se lance dans la confection de pyjamas et de robes de chambre. Il ouvre ensuite sa première boutique Zara en 1975, quand il constate qu’il a raté des ventes et que les concurrents ne vendent pas ce que désire le plus la clientèle. Comme il adore le film « Zorba le Grec », il gardera trois lettres, et ce sera Zara. Parmi ses premiers succès, un pull shetland pour les pèlerins de Compostelle.
Mine de rien, cet esprit start-up avant l’heure a donné naissance à un modèle d’intégration verticale unique dans ce qui s’appellera la « fast fashion ». Dès les années 1980, Inditex a investi dans l’informatique et la logistique pour gérer au mieux ses stocks, à l’époque où la référence était Toyota. Aujourd’hui, il franchit l’étape des étiquettes intelligentes RFID, pas peu fier de son nouveau Technology Center : plusieurs centaines d’ingénieurs non loin du gros demi-millier de designers de mode. Ce n’est pas l’enfer de « Deep Fashion », car on est loin du jeu de go : « Tendances et mode sont trop imprévisibles pour qu’un algorithme nous fournisse les goûts qu’auront les gens », dit Pablo Isla au journal « Expansión », même si les réassorts tiennent compte de la morphologie des populations…
Chaque magasin passe commande deux fois par semaine, et le délai peut parfois être raccourci à deux semaines entre le dessin et le cintre. Tout reste tiré par la demande des clients, à la différence des autres grandes chaînes de prêt à porter (H&M, Uniqlo, Primark, Gap) qui poussent encore leur offre car elles sont attendues davantage sur la composante prix, ce qui les force à passer de plus gros ordres, plus à l’avance.
Pour en savoir plus… Nous vous encourageons à lire l’excellent article de sylvie Ramadier en suivant le lien
Ou http://m.lesechos.fr/idees-debats/inditex-le-top-modele-de-l-habillement-021790001860.htm
Quelques chiffres clefs :
Chiffre d’affaires (au 31 janvier 2016) :
20,9 milliards d’euros (+15,4 %) dont Zara : 13,6 milliards (+17,5 %), soit 65 % du total.
Marge brute 12,1 milliards (57,8 % des ventes).
Résultat opérationnel 3,7 milliards (17,6 % des ventes).
Résultat net 2,9 milliards (+15 %).
Répartition géographique
Europe : 44 %
Espagne : 17,7 %
Amériques : 14,7 %
Reste du Monde : 23,5 %.
Rendement des fonds propres 26 %.
Effectif 152.854 (+11,5 %).
Capitalisation boursière 93,6 milliards.
Magasins 7.013 (dont 15 % de franchisés), dont 1.826 en Espagne, 566 en en Chine. Le nombre de magasins dans le monde a presque été multiplié par deux depuis 2007 (3.691).
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